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NOTES ET REFLEXIONS

14 mars 2008

LE COUCOUS : SYMBOLISME, ESTHÉTIQUE ET TRADITION

Pour nous retrouver aujourd’hui en famille il ne suffit plus de traverser la cour. Les distances nous séparant sont toujours plus importantes, transformant nos seders en occasions uniques pour se réunir au grand complet.

La conséquence directe est la disparition des tables traditionnelles rondes au profit de grandes tables ovales ou rectangulaires. Rien de grave me direz-vous. Et bien si car tout dépend de votre attachement à la tradition.

Car avec les tables rondes ce sont les plats ronds qui ont aussi disparu, et, pour le couscous, c’est important non seulement pour l’esthétique mais aussi et surtout pour le message qui est transmis à travers ce plat.

Dans un plat rond de couscous, la viande se dispose en haut et au centre du plat car si la société d’antan était très hiérarchisée selon une pyramide générationnelle, lorsqu’il s’agissait de s’alimenter, les règles étaient bien différentes.

L’espace séparant les convives des morceaux de viande devait être exactement identique assurant ainsi un accès égalitaire au met le plus nutritif.

Passons maintenant à l’esthétique. La graine du couscous doit être disposée en cône de façon à former une montagne, celle du sud du constantinois ou de l’atlas. De même on ne dit pas « mouiller » le couscous mais « l’arroser » comme on le faisait jadis sur les terres de nos ancêtres en commençant bien sur par le haut.

Quant au couscous au beurre du dimanche midi, le sucre se saupoudre au sommet de la montagne pour suggérer les neiges éternelles des sommets.

Avec le couscous familial, vous léguez à vos enfants quelques rudiments de notre tradition parce qu’à travers nos repas, c’est toute une culture fondée sur l’hospitalité, la générosité et l’esthétique qui nous est symboliquement transmise.

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14 mars 2008

LE MAALOUF, LA MUSIQUE ARABO-ANDALOUSE INSPIRÉE DE LA NOUBA

Au Moyen Age, dans la péninsule ibérique, une journée musicale durait 24 heures et était divisée en 24 noubas, chacune divisée en 7 parties.

Nos chansons de maalouf d’aujourd’hui durent ente 15 et 20 minutes seulement mais restent néanmoins organisées comme la nouba de 60 minutes.

Les 7 mouvements sont les suivants :

1.- Le Prélude : un morceau instrumental, arythmique, annonçant la nouba qui va être jouée et permettant de vérifier l’accord des instruments.

2.- La Touchiat: ouverture instrumentale, rythmée, construite avec des motifs qui se déroulent et s’enchevêtrent dans un mouvement uniforme (andante) jusqu’à la finale où le mouvement est plus rapide (allegro) pour finir sur un point d’orgue. Elle permet à l’assistance de se tremper dans le bain de la nouba.

3.- Le Meceddar : mélodie ample, lente, noble, envoûtante, exécutée en chœur sur un mouvement uniforme (andante) permet à l’esprit de s’élever vers l’abstraction et au cœur des émotions peu communes où l’instrumentation s’efface devant le chant pour reprendre après chaque vers.

4.- Le Betaihi : mélodie moins lente que le Meceddar (allegro), avec alternance du chant et de l’instrumentation, laisse ressortir une accélération progressive d’un couplet à l’autre, pour devenir brutalement aussi lent que le Meceddar à la fin de la mélodie.

5.- Le Derdj : une sorte de complainte, avec alternance du chant et de l’instrumentation, sur un rythme lent (largo).

6.- L’Inciraf : mélodie avec alternance des chants et de l’instrumentation, sur un mouvement alerte (scherzando) où les poèmes deviennent plus gais, chantent l’amour, la nature, les oiseaux, les réunions entre amis, etc.

7.- Le Mokhlas : la nouba touche à sa fin. La série nous a amenés à un mouvement rapide se hâtant vers la conclusion, et c'est le Mokhlas qui apporte cette conclusion. C'est un air au rythme vif (allegro vif) qui va en s'accentuant pour finir sur un point d'orgue.

Nos ancêtres étaient  de grands épuciriens puisqu'à l'époque, les juifs et les musulmans considéraient que jouir des plaisirs de la vie sans exclure une certaine éthique et morale religieuse, c'était rendre grâce à D-ieu.

Rappelons-nous le faste de l’Andalousie avec ses fontaines d’eau parfumée, son art culinaire, son esthétique vestimentaire,… L’ascétisme et la privation des sens est une conception chrétienne qui nous a toujours été étrangère. Rien d’étonnant donc qu’érotisme et musique soient intimement liés. Ainsi, la nouba parodie la relation de couple ; du rapprochement, à la parade jusqu’à la réalisation de l’acte amoureux. Sous cet angle, c’est une relecture de la description des mouvements du maalouf que je vous propose.

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NOTES ET REFLEXIONS
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